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Les Idoles écrit et mis en scène par Christophe Honoré

  • Adonide
  • 27 mai 2019
  • 4 min de lecture

À l’heure LGBT, Christophe Honoré fait revivre des personnes célèbres mortes du Sida. Ainsi, renaissent Jean-Luc Lagarce (1957-1995), Hervé Guibert (1955-1991), Bernard-Marie Koltès (1948-1989), Serge Daney (1944-1992), Cyril Col­­lard (1957-1993) et Jacques Demy (1931-1990) – dont on a appris bien plus tard la raison de sa mort. Il y a également l’apparition de Rock Hudson, Michel Foucault et Liz Taylor. Les 5 personnages principaux comparent leurs vies, les conditions de leur mort… Cette pièce est un peu la suite de Nouveau Roman, paru en 2012.

La scénographie est frontale – cela ne peut se faire autrement dans cette salle de l’Odéon (théâtre de l’Europe). Le décor est imposant : il ressemble à une sorte de hangar. Dans le fond à jardin, se trouve un arrêt de bus. Il y a de nombreux micros, haut-parleurs, chaises, un grand écran qui descend et un écran se trouvant sur un poteau, à cour et sur lequel des écritures défilent…

On peut donc se demander comment Christophe Honoré a décidé de nous parler de personnages du passé.


Tout d’abord, il a utilisé des archives. Au début de la pièce, la phrase de Ezra Pound – poète, musicien et critique américain qui a fait partie du mouvement moderniste au début des années 1920 et rattaché à la Génération perdue – « ce que tu aimes bien est ton véritable héritage » défile en continu sur l’écran à cour. De plus, à un moment l’on peut entendre les musiques réalisées par Michel Legrand issues des Demoiselles de Rochefortde Jacques Demy, et l’actrice jouant Jacques Demy (Marlène Saldana) cite une phrase de la chanson « Toujours jamais ». D’autres documents audios sont utilisés : on entend à un moment une interview de Jean-Luc Lagarce. En outre, dans le programme, l’on nous explique quels livres et quelles musiques ont été choisis pour chaque personnage. Ainsi, pour travailler sur Jacques Demy – réalisateur français mort en 1990, à 59 ans –, Marlène Saldana a regardé l’intégrale de ses DVD et des vidéos de Agnès Varda Jacquot de Nantes, parue en 1991 et les Plages d’Agnès, datant de 2008. Pour Cyril Collard – écrivain, acteur, musicien et réalisateur français mort en 1993, à 35 ans – Harrison Arévalo a regardé Les Nuits fauves, filmé en 1992 et lu l’Ange sauvage, publié en 1993. Pour Serge Daney – critique de cinéma français, mort en 1992, à 48 ans – Jean-Charles Clichet a écouté son entretien avec Serge Toubania, datant de 1994 et ils ont regardé Serge Daney, Itinéraire d’un cinéfils, réalisé en 1992. Pour Hervé Guibert – écrivain et journaliste français mort en 1991 à l’âge de 36 ans – Marina Foïs a lu À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie, publié en 1990 et a regardé le documentaire de 1992 La Pudeur ou l’Impudeur. Youssouf Abi-Ayad a écouté un entretien sur Bernard-marie Koltès – dramaturge français mort en 1989 à 51 ans – Une part de ma vie, enregistré en 1990 et il a lu ses Lettres, parues en 2009. Enfin, Julien Honoré a lu Trois récits, parus en 2001 et le Journalde Jean-Luc Lagarce – metteur en scène et dramaturge mort en 1994, à 38 ans.

Cependant, cette pièce ne respecte pas totalement la réalité. En effet, Jacques Demy et Hervé Guibert sont joués par des femmes. Le sexe n’est pas forcément respecté. En outre, la nationalité n’est pas non plus respectée. En effet, Harrison Arévalo n’est pas français, alors que Cyril Collard l’est. De plus, le caractère des personnages est également changé. Marlène Saldana paraît très excentrique et très peu pudique, ce qui ne ressemble pas vraiment à Jacques Demy, qui a toujours caché son homosexualité et sa maladie – ce qui nous est d’ailleurs rappelé au début de la pièce : Jacques Demy s’éloigne des autres, ne voulant pas leur être comparé et il est rappelé que c’est sa femme Agnès Varda qui a dévoilé la cause de sa mort, en 2008.

Enfin, il y a une actualisation de la pièce, pour nous rappeler que cette maladie existe toujours. Cyril Collard est mort le soir de la cérémonie des césars, il n’a donc jamais pas pu tenir ses trophées en vrai. En effet, il a obtenu 5 césars. C’est pourquoi, il décide de briser le quatrième mur, et de jouer pour nous la remise des césars. En outre, Christophe Honoré a décidé d’utiliser de la musique contemporaine pour actualiser cette pièce. À la fin de la pièce, on peut donc entendre Despacitode Luis Fonsi parue en 2019. Mais la scène de la fuite – à un moment de l’eau commence à tomber du plafond et des seaux sont apportés pour éviter que l’eau tombe sur le sol – peut évoquer le fait que de plus en plus de jeunes pensent que le sida n’est plus d’actualité, qu’il est éradiqué, un peu comme l’a été la peste.


Cette pièce est donc là pour nous parler de l’histoire, mais également pour nous rappeler que cette maladie existe toujours et qu’il faut s’en méfier. Et cela passe par une étude des personnages grâce aux archives, mais par une actualisation, qui se fait par le choix des acteurs ou encore de la musique.

 
 
 

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