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Au cœur de la violence

Adonide

Edouard Louis a publié, en 2016, un roman, Histoire de la violence, qui raconte le vol suivi d’un viol qu’a subi l’auteur un soir de Noël. Thomas Ostermeier, pour qui il était évident de monter ce texte, l’a adapté au théâtre avec l’aide de l’auteur, ce qui a donné Im Herzen der Gewalt (au cœur de la violence), mal traduit en français par Histoire de la violence. D’abord montée à la Schaubühne, la pièce est partie en tournée et est représentée à Paris, au théâtre des abbesses jusqu’au 15 février 2020.

25 décembre 2012, 4h du matin, Edouard Bellegueule (Laurenz Laufenberg) rentre de chez ses amis, 3 livres à la main. Reda (Renato Schuch), un jeune kabyle l’interpelle. Sans vraiment savoir pourquoi, Eddy lui parle puis l’invite à monter chez lui. Les deux hommes couchent ensemble et se racontent leur vie, mais au matin, juste avant que Reda ne parte, Edouard découvre que son téléphone est introuvable. Il comprend assez vite que c’est le jeune kabyle qui le lui a volé. Reda s’emporte, tente de l’étrangler, le menace avec un pistolet, le viole puis part. Après s’être rendu à la police puis à l’hôpital, Eddy part chez sa sœur (Alina Stiegler), qui racontera ensuite tout à son mari (Christoph Gawenda).


Dans une petite vidéo en français (https://youtu.be/BoUHs2cMkAI) promouvant la pièce, Thomas Ostermeier explique que l’intérêt de ce texte réside dans le fait que plusieurs perspectives sont exposées pour un seul événement. Cela est véritablement retransmis dans la mise en scène.

Pour partir du plus évident, tout au long de la scène du vol puis du viol (âme sensible s’abstenir), la sœur d’Edouard Bellegueule est présente et commente (physiquement et non verbalement). Cela permet donc de voir deux points de vue qui s’opposent, mais aussi « d’alléger » l’atmosphère. Nous ne sommes pas les seuls voyeurs et la jeune femme réussit à nous faire rire pendant cette scène au paroxysme de la violence.

La scène est aussi exposée par la sœur qui raconte et commente à son mari ce que son frère lui a expliqué.


En outre, on peut voir Eddy Bellegueule qui expose la situation après coup mais aussi sa voix intérieure qui vit la scène dans le moment de l’action.

Eddy n’est pas le seul personnage dont on peut voir les pensées, cela est également possible pour les policiers ou la sœur grâce à des chorégraphies.

En plus des comédiens, deux moyens permettent de soutenir l’action et de nous représenter ce qui s’est passé : la caméra qui montre en gros plans des actions que nous voyons sur la scène, des paysages…

L’autre élément est la musique. Que serait un spectacle de Thomas Ostermeier sans musique ? Rappelons que des 5 spectacles que j’ai vus de lui, un seul, Hamlet, n’avait pas de musique live. Ici, la batterie joue encore une fois un rôle essentiel, c’est par elle que démarre la pièce, elle témoigne des émotions des personnages, aide pour les danses…

La scène qui est peut-être, pour moi, la plus intéressante est une scène où l’on voit les comédiens qui ne peuvent plus avancer, ils ne peuvent que revenir en arrière ou être bloqués. Cette scène sans parole, accompagnée par la musique, est, dans mon imaginaire, l’une des plus vraies. En effet, tellement choqué par ce qui lui est arrivé, Edouard essaye sans cesse de comprendre ce qui s’est passé cette nuit-là et comment la violence a pu prendre une telle ampleur. Il ne peut pas passer à autre chose.

Je pense qu’on l’aura compris : une fois de plus, le metteur en scène allemand, a su me captiver pendant les deux heures que durait le spectacle.


Une seule chose à redire : il y a des fautes de français dans les surtitres.

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