Le Misanthrope, Molière
- Adonide
- 22 sept. 2019
- 3 min de lecture
Jusqu’au 12 octobre 2019 se joue à l’Espace Cardin (théâtre de la Ville) Le Misanthropede Molière. C’est la première fois qu’Alain Françon met en scène une pièce de Molière (il y a décidément beaucoup de « première fois » cette année entre Micha Lescot et Alain Françon !).
Si c’est la première fois qu’il met en scène du Molière, c’est parce qu’à La Colline (où il a été directeur avant Stéphane Braunschweig, qui a lui-même précédé Wajdi Mouawad), on monte des auteurs contemporains. Et, surtout il n’a jamais été tellement attiré par Molière, dont il ne comprend pas toutes les facettes. Pourquoi donc choisit-il cette pièce plutôt complexe, pour une première expérience ? À cause d’un souvenir qu’il a d’une discussion avec sa professeure de français en première, où elle trouvait qu’Alceste était un imbécile et Alain Françon avait obstinément défendu le personnage. C’est donc une pièce avec laquelle il a une relation certaine.
Alceste hait l'humanité tout entière, en dénonce l'hypocrisie, la couardise et la compromission. Mais il aime Célimène, coquette et médisante, jusqu'à ce qu'il se rende compte de ce qu'elle est réellement. Cette pièce ne correspond pas à ce qu’on attend habituellement d’un Molière : ce n’est pas vraiment une comédie !
C’est un décor très simple qui nous accueille : une scène que coupe, au milieu, un sol dallé surélevé. Sur ce dallage : deux banquettes en velours rouge, chacune devant une fenêtre, à cour. À jardin : une sortie cachée. Au fond, une sorte de toile représente une forêt enneigée. Durant la pièce sont rajoutées deux banquettes en velours bleu et un tabouret en velours rouge.

Les costumes sont actuels et très importants car ils dévoilent la psychologie du personnage : Alceste (Gilles Privat) se démarque toujours des autres hommes. Au départ, Alain Françon ne respecte pas l’interdit théâtral traditionnel qui est de ne pas porter du vert, en faisant porter une cravate verte au personnage principal. Or, tous les autres acteurs portent des cravates noires. Et, à la fin, quand les autres hommes portent un nœud papillon, il porte une cravate noire. Le valet d’Alceste est aussi mis en valeur en portant un manteau vert. Or, cette couleur est importante, elle évoque le dégoût. Selon l’Institut de la couleur, le vert n’est pas exubérant, ne montre pas facilement ses sentiments. Elle évoque le besoin de prendre du recul, d’avoir de l’espace et de vivre dans un espace naturel, tout en étant libre. D’autres personnages se démarquent : les deux marquis (très jeunes, exubérants avec leurs vestes rouges et beiges accordées à leurs cravates) et Célimène (Marie Valle) qui a des tenues qui attirent l’œil, grâce à ses bijoux scintillants, ses tenues étant noires. Les autres femmes sont également habillées en noir ou en couleur neutre.
La lumière a une importance primordiale dans cette mise en scène ! Lorsque les contacts deviennent froids entre les personnages, la lumière devient plus dure, plus froide, voire plus sombre, surtout à la fin, quand tout le monde renie Célimène et qu’Alceste se fait abandonner par Éliante (Lola Riccaboni).
Quant à la musique, elle est un peu particulière, on peut entendre des chuchotements (un peu désagréable, l’on se demande si ce sont les spectateurs qui chuchotent), il y a aussi des bruits d’animaux, ce qui fait le même effet. Enfin, il y a des musiques baroques-contemporaines et, la dernière musique fait penser à une musique de Peau d’Âne.
Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître !
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