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La puce à l'oreille, Feydeau

Adonide

Jusqu’au 23 février 2020 est jouée à la salle Richelieu de la Comédie-Française, La Puce à l’oreillede Feydeau, mise en scène par Lilo Baur, qui signe sa cinquième mise en scène à la Comédie-Française (2010 : Le Mariage de Nicolas Gogol, Théâtre du Vieux-Colombier, puis 2013 : La Tête des autres de Marcel Aymé, Théâtre du Vieux-Colombier (mise en scène que j’avais beaucoup aimée. 2015 : La Maison de Bernarda Alba de Frederico García Lorca, Salle Richelieu et en 2017 : Après la pluie de Sergi Belbel, Théâtre du Vieux-Colombier).

Et, si vous n’habitez pas à Paris, vous pourrez toujours voir la pièce le 17 octobre, puisqu’il y aura une représentation en live dans les cinémas Pathé dans toute la France et même à l’étranger.


Cette pièce n’avait pas été montée à la Comédie-Française depuis 1978 (mes Jean-Laurent Cochet). C’est une pièce compliquée à mettre en scène, comme tous les vaudevilles, car s’il n’y a un manque de rythme on peut facilement s’ennuyer. On peut notamment citer la mise en scène de Bernard Murat avec Jean-Paul Belmondo, que je n’ai pas pu regarder jusqu’au bout tellement je m’ennuyais. Mais dans le cas contraire, elle est très drôle, grâce à ces quiproquos (confusion de Poche et Chandebise) et ces situations comiques (on pense notamment au personnage de Camille qui ne peut pas prononcer les consonnes).


Court résumé de la pièce : Raymonde Chandebise, qui est jalouse, croit que son mari, Victor-Emmanuel, directeur de la Boston Life Company, la trompe. C’est son inactivité sexuelle qui lui a mis « la puce à l’oreille » et surtout le fait que l’hôtel du Minet-Galant, à Montretout, Seine (« encore un nom qui en dit long ! ») lui a renvoyé les bretelles de son mari. Elle a l’idée (qui, de son propre aveu, vient d’une scène sans cesse remâchée au théâtre) de lui adresser une fausse lettre pour l’inviter dans cet hôtel où toute une série de rendez-vous galants et d’embuscades laissent plusieurs couples dans de mauvais bras et de mauvais draps. Car, au personnage de Chandebise, bourgeois du boulevard Malesherbes (changé ici en boulevard des peupliers), répond son sosie parfait, le valet ivrogne Poche.

Le décor, très réaliste, est de plus en plus rare à la Comédie-Française : c’est vraiment l’intérieur d’une maison, avec ses canapés, ses tables, sa cheminée, son tapis en peau de bête (tigre blanc), son globe, qui quand on l’ouvre fait une petite musique et donne accès à des verres et des bouteilles d’alcool, sa grande fenêtre par laquelle on voit des skieurs passer et son horloge. La pièce a été un peu changée pour que l’histoire puisse se dérouler dans un chalet en hiver et non plus à Paris. Durant le deuxième acte, nous déménageons dans l’hôtel du Minet-Galant, où l’on peut voir l’intérieur d’une chambre avec une tournette, un escalier, un bureau avec une sonnette, un livre de comptes et des clés, un sapin, un couloir qui mène à la chambre de Baptistin (Bakary Sangaré, le vieil oncle perclus de rhumatismes) et deux portes, à cour. La première, la plus en avant-scène mène à la chambre de Rugby (Birane Ba, excellent dans ce rôle) et la deuxième, à une chambre où répète une fanfare.



La musique créée par Mich Ochowiakest ici primordiale, elle permet tous les changements de décor, elle donne du rythme à la pièce et aide aussi les acteurs à jouer…

Le décor fait très années 60, il en va de même pour les costumes, qui m’ont vraiment fait penser à la mise en scène de La Tête des autres.


Même si la mise en scène est, dans l’ensemble, très bonne et que j’en garde un bon souvenir, pensée spéciale pour Jérémy Lopez, qui fait un excellent Histangua – ce à quoi je ne me serais pas attendue – pour Serge Bagdassarian également remarquable en Chandebise/Poche, tous ne sont pas à la hauteur : je pense surtout à Thierry Hancisse, qui ne fait pas un bon Ferraillon (mais je suis peut-être un peu trop exigeante face à ce rôle que j’avais moi-même joué). Je pense également au rôle de Camille : c’est un texte que je connais plutôt bien et pourtant, même si c’est le but, je n’arrivais pas à deviner ce que Camille (Jean Chevalier) disait.


Je vous conseille d’y aller, vous ne le regretterez pas et passerez un très bon moment. Et, à choisir entre La Dame de chez Maxim, au théâtre de la porte Saint-Martin (j’ai également écrit un article à ce sujet) et La Puce à l’Oreille, à la Comédie-Française, je vous dirai plutôt d’aller voir cette dernière pièce, beaucoup plus rythmée et où vous serez mieux assis.

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