La Ménagerie de verre, Tennessee Williams
- Adonide
- 6 mars 2019
- 4 min de lecture
Du 4 septembre 2018 au 31 mars 2019 est représentée, au théâtre de Poche Montparnasse, la pièce de Tennessee Williams La Ménagerie de Verre, mise en scène de Charlotte Rondelez.
Dans cette pièce, il ne se passe pas grand chose. On assiste seulement à la vie d’une famille (la mère Amanda, sa fille Laura et son fils Tom) ayant été abandonnée par le père 16 ans auparavant. Ils s’aiment mais ont un problème de communication. La famille ne survit, en grande partie, que grâce au fils, qui travaille dans un entrepôt où il gagne 65$ par mois. Cependant, ce dernier n’aime pas cette vie, il s’ennuie, c’est pourquoi il va tous les soirs au cinéma, espérant pouvoir partir un jour. Sa mère lui déclare que s’il trouve un « galant » pour sa sœur infirme, il pourra partir. Il invite un soir un jeune irlandais travaillant dans la même usine et ayant été dans le même lycée que lui, à diner chez eux. Sa sœur étant tombée amoureuse de lui au lycée, l’on peut espérer que tout se finisse bien. Seulement Jim O’Connor, le « galant », est déjà fiancé et va se marier deux mois plus tard. La mère est furieuse contre Tom qui décide de partir, hanté par l’image de sa soeur adorée qu’il a abandonnée.
L’histoire se passe à Saint-Louis (États-Unis) dans les années 1930, nous ne sommes donc pas étonnés de voir sur scène un appartement typique de cette époque et de ce lieu. Le papier peint est rouge-orangé. Dans le fond, un rideau avec une ouverture, permet de montrer les personnages lorsque le narrateur (Charles Templon), qui joue aussi le fils résume l’histoire. À cour (droite lorsqu’on est dans la salle), il y a un rideau qui cache la cuisine. Derrière le rideau avec l’ouverture, se trouve un espace symbolisant l’escalier menant à l’appartement. À jardin (gauche lorsqu’on est dans le public), un divan, des journaux, des albums photos, un porte-manteau et, surtout un table, sur laquelle est déposée la fameuse ménagerie de verre, collection de Laura (Ophelia Kolb).

Les costumes correspondent également à l’époque : les hommes sont en chemise et leurs pantalons sont retenus par des bretelles. Les femmes portent des robes ou des jupes. Ces robes peuvent parfois être de mauvais goût, comme celle couleur jonquille, de la mère (Cristiana Reali).
La vidéo est utilisée, pour corroborer le récit : des personnes dansent quand la mère rappelle la vie qu’elle avait lorsqu’elle a rencontré son mari ; de plus, lorsqu’ils regardent la lune par la fenêtre, l’on voit dans le fond cour, une magnifique lune bleutée ; en outre, à jardin, il y a une photo du père, mais elle est assez effacée, la vidéo permet de lui donner vie : quand la mère évoque le sourire charmeur de son mari, on peut le voir sur la photo.
La lumière est très importante. Pendant la journée, on a une lumière blanche. Lorsque la mère raconte sa vie passée et se rappelle des « galants » qu’elle avait, le fils utilise un projecteur pour la mettre en valeur et il fait plus sombre. Enfin, durant le diner, quand l’électricité est coupée parce que le fils n’a pas payé la facture, l’on ne peut voir les acteurs que grâce à des bougies.
La musique aussi est très présente : l’on entend du swing grâce à la « boîte de nuit » en bas de la rue.
La pièce débute sur un tour de magie effectué par le narrateur. On peut supposer que celui-ci raconte l’histoire un peu après qu’elle soit arrivée à Tom. Un soir, en rentrant du cinéma, ce dernier raconte à sa sœur qu’il a vu un magicien qui a un fait un tour qui l’a beaucoup marqué : il est rentré dans une boîte remplie de clous et quand il en sorti, il n’a enlevé aucun clou. Peut-être le narrateur est-il devenu comme ce magicien puisque Tom explique à sa sœur cette nuit-là qu’il aimerait être comme ce magicien.
Les acteurs jouent parfaitement ensemble, il y a une vraie cohésion de groupe. De plus, la mise en scène rend la pièce assez poétique, surtout lorsque c’est la nuit et que le décor devient bleu et qu’il y a une utilisation de bougies. En outre, cette pièce donne de l’espoir aux personnes qui souffrent d’un complexe d’infériorité et qui n’ont pas confiance en elles, tout le monde peut être heureux, bien qu’à la fin, Laura ne puisse pas vivre avec la personne qu’elle aime, puisque Jim (Félix Beaupérin) en épouse une autre.
Finalement, je recommande cette pièce émouvante. On ne voit pas le temps passer ! L’on a une belle représentation du jeu d’acteur avec Charles Templon, qui change de corps en fonction de son personnage : lorsqu’il est narrateur, il se tient droit, il a confiance en lui. Mais lorsqu’il joue le fils, il est vouté, signe qu’il est fatigué de la vie qu’il mène. Peut-être le narrateur et le fils sont ils une seule et même personne, qui prend confiance en lui et peut enfin vivre la vie qu’il veut lorsqu’il part.
La Ménagerie de verre, magnifique moment de théâtre ! A voir absolument