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La fin de l'homme rouge, Svetlana Alexievitch

  • Adonide
  • 15 sept. 2019
  • 4 min de lecture

Du 12 septembre au 2 octobre 2019, est jouée, au théâtre des Bouffes du Nord, la pièce tirée du roman La Fin de l’homme rougede Svetlana Alexievitch (prix Nobel de littérature, 2015), adapté et mis en scène par Emmanuel Meirieu.

Ce roman raconte la fin du bloc communiste et la façon dont ont réagi les russes qui ont vécu cette époque. Parmi les nombreux témoignages qui composent le roman, le metteur en scène a décidé de n’en garder que sept.

Le décor, grâce à la vidéo, change souvent au fur et à mesure de la pièce. Cependant, au commencement, on voit le sol recouvert de sable, un parquet démonté, une voiture ensablée, des tables et des chaises renversées. Seules une chaise et une table sont à l’endroit. Par terre, il y a une corde. Il y a également une caméra sur un trépied. Au fond, sur une scène surélevée, on peut voir une bâche bleue, une fenêtre sur chaque côté. Sur une toile est projeté un dessin, sur lequel on peut voir un immeuble, un arbre, un garçon qui fait une grimace, un bébé à quatre pattes et trois enfants qui jouent au ballon. Enfin, il y a deux micros.


Photo prise le 14 septembre 2019


La pièce commence tout d’abord par une vidéo montrant le cosmonaute Youri Gagarine dans l’espace. Durant cet extrait d’archives, les spectateurs entendent la voix de Catherine Hiegel qui est la narratrice. L’on peut ensuite entendre un discours nous annonçant la fin du bloc communiste.

Pour chaque partie, un seul comédien est présent sur scène et parle.


« Suicide 1 an après la dissolution de l’URSS »

« Récit de sa mère »


Cette partie débute avec des photos d’un garçon. On comprend aisément que c’est celui qui s’est suicidé. L’on en déduit ensuite qu’il a commis cet acte car il était désemparé et ne savait plus quoi faire après avoir vu le monde, dans lequel il a grandi, s’évanouir. Durant cette partie, l’on entend une musique désagréable, jouée par un violon. Cette partie se termine par la vidéo de Gagarine.


« Témoignage de son meilleur ami »


C’est ensuite au meilleur ami du suicidé de parler. Il explique que le capitalisme a très rapidement trouvé sa place : on peut voir le premier McDonald’s implanté en Russie, place Pouchkine. Pour eux, la liberté devient alors une « bonne odeur de saucisse bien grasse ». De plus, l’acteur nous répète cette phrase si connue : « le temps, c’est de l’argent ». Il n’y a plus de place pour les littéraires ! Pourtant, il ne considère pas que c’est de la faute des Américains. Non, ils ont « tout bousillé » eux-mêmes. Il veut vendre sa guitare qui ne sert plus à rien dans ce monde. La mère de son ami l’en empêche. Finalement, il se met à jouer de la guitare et à chanter une chanson russe.


« Témoignage d’Anna Maya, rescapée des goulags »


Dans cette partie, on voit, projetées sur le fond, des photos d’icônes, de Staline et d’enfants qui ont grandi dans des goulags et qui se tiennent par la main. De plus, la lumière est modifiée dans cette partie : on a l’impression de voir le jour se lever, à travers les fenêtres. En outre, la musique est un peu effrayante. Enfin, on voit des vidéos de statues de Staline qui tombent.


« Le fils d’Anna »


Cette partie débute sur une vidéo montrant des russes. Elle est accompagnée d’une chanson russe. La vidéo du cosmonaute est à nouveau projetée et, enfin une vidéo live de l’acteur est également projetée. Là, la musique est vraiment effrayante et il y a des échos, ce qui sert fortement le propos du personnage, qui nous explique à quel point il est devenu fou, à cause de ce que lui a raconté son futur beau-grand-père, la veille du jour où il devait se marier avec sa petite-fille. Mais suite, à ces révélations (le grand-père a été un bourreau), il a fui et s’est porté volontaire pour aller faire la guerre d’Afghanistan.


« Alexandre »


La musique accompagnant ce personnage change beaucoup durant cette partie. Si, au départ, on commence sur une musique victorieuse et que l’on écoute ensuite une musique qui ressemble à un chant de noël, c’est pour passer de manière plus violente à une musique militaire. Cette partie nous parle du service militaire avec un témoignage assez effrayant, surtout lorsqu’il est fait durant la guerre de Tchétchénie. Cette ambiance est traduite par la citation : « je suis né et ensuite, j’ai grandi dans la mort ». Pour renforcer ce côté effrayant, l’acteur est éclairé par une douche rouge, symbole de mort et de violence. Puis l’ambiance se radoucit en passant par une lumière jaune, puis blanche. Cependant, la situation du pays n’est pas mieux pour autant : une vidéo nous montre la pendaison d’une statue et, à nouveau Gagarine.


« Valentina. Tchernobyl »


Lorsque cette partie commence, l’on peut penser qu’elle sera moins violente. Un extrait de film nous montre un bal, où de jeunes gens dansent la valse. En outre, une lumière jaune à travers la fenêtre nous fait penser au jour nouveau et à l’espoir, mais il n’en est rien : Tchernobyl reste Tchernobyl et les horreurs dues à cet accident sont atroces : « mêmes les morts avaient peur des morts ». Et, en effet, à nouveau paraît une vidéo d’une statue de Staline qui s’effondre. Cependant, cette partie ne se finit pas de manière malheureuse, on trouve de l’espoir dans la dernière phrase de la jeune femme : « on continuera à regarder le monde avec ses yeux d’enfants ».


« Une dernière voix solitaire : Vassili, membre du parti communiste depuis 1921 »


Là, aucun acteur ne parle, bien que l’actrice qui joue Valentina, regarde, tout comme les spectateurs, la vidéo d’un communiste qui y a tellement cru, qu’il a préféré léguer sa maison au parti communiste qu’à ses petits-enfants. Cela lui a valu d’être la risée du pays et de n’avoir aucune stèle sur sa tombe. Cependant, c’est à la fin de sa partie que l’on voit les statues tombées qui se relèvent, puis la vidéo du cosmonaute puis la vidéo du début, avec la voix de Catherine Hiegel. La boucle est bouclée !

La pièce se finit avec des bruits de tambours.

Je trouve que cette pièce est vraiment intéressante et très bien jouée. En outre, on ne voit pas le temps passer, bien qu’elle dure près de deux heures. Pour la première pièce de cette année universitaire, la barre est placée très haut !

 
 
 

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