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L'autre monde ou les états et empires de la lune, Savinien de Cyrano de Bergerac

  • Adonide
  • 29 sept. 2019
  • 4 min de lecture

Derrière le nom, derrière le nez, qui se cache derrière la silhouette familière de Cyrano de Bergerac ? C’est ce que vous pourrez apprendre si vous allez voir Les Autres ou les états et empires de la lunede Savinien de Cyrano de Bergerac, mis en scène par Benjamin Lazar jusqu’au 12 octobre, au théâtre de l’Athénée. Mais peut-être avez-vous déjà vu ce spectacle, repris car beaucoup apprécié en 2008.


Benjamin Lazar étudie dès l'âge de onze ans la déclamation et la gestuelle baroques auprès d'Eugène Green. Il pratique également le violon à la Schola Cantorum (Paris) et le chant auprès de Dominique Moaty. Lorsqu’il finit de se former, il travaille avec des ensembles musicaux comme l'ensemble Amadis, le Concert Lorrain ou la Symphonie du Marais.On voit donc qu’il a un rapport très important à la musique. En outre, dû à sa formation, nous ne sommes pas étonnés qu’il utilise dans son spectacle une basse de viole, un théorbe (instrument que l’on avait déjà pu voir dans Antigone 82adaptation au théâtre de l’épée de bois, à la Cartoucherie du roman de Sorj Chalandon par Arlette Namiand et mis en scène de Jean-Paul Wenzel) et une guitare et un luth baroques.


Persuadé que l’astre lunaire est un monde comparable au nôtre, le narrateur de ce récit entreprend de s’y rendre. Un premier essai le mène au Canada, d’où il parvient, presque par accident, sur la Lune, mais pour se voir aussitôt capturé par ses habitants. Géants à visage humain, les « lunaires » vont à quatre pattes, communiquent, pour les uns, au moyen d’un langage musical, pour les autres, au moyen d’un langage gestuel. La poésie est leur monnaie, leurs livres des documents sonores qui offrent la possibilité aux lunaires de se cultiver dès leur plus jeune âge, sans avoir à passer par le long apprentissage de la lecture. Les vieillards, qui plus est, honorent la jeunesse et les pères obéissent à leurs enfants dès qu’ils ont atteint l’âge de raison.

L’infortuné terrien est traité quant à lui en bête de foire. Par bonheur, il retient un jour l’attention d’un ancien habitant du Soleil ayant séjourné autrefois sur la Terre (où on le connaissait comme « le démon de Socrate »). Le « démon » enlève le narrateur et le conduit à la Cour, où l’on continue de le prendre pour un animal, et même pour la femelle d’un autre terrien voyageur - un espagnol - capturé par la Reine ! Cependant, le narrateur commence à savoir s’exprimer dans la langue des habitants et d’aucuns commencent à douter de son animalité. Le clergé lunaire, qui n’est guère plus ouvert et tolérant que le clergé européen du XVIIe siècle, tente alors de faire condamner à mort le narrateur pour ses propos hérétiques. Par une plaidoirie habile, le démon réussit toutefois à sauver la vie de son ami. Et le Roi décrète que le narrateur sera dorénavant traité en être humain.

À l’occasion d’un repas d’odeurs chez un ami du démon, l’un des invités surprend le narrateur par son choix de ne se nourrir que d’êtres morts de manière naturelle (y compris les végétaux). C’est l’occasion pour le démon de se livrer à une étonnante « apologie du chou » ainsi qu’à une critique féroce de l’arrogance des humains (la notion végane est née !).

Le fils de l’hôte est réputé pour son impiété. En bon chrétien qu’il est, le narrateur s’efforce de lui apporter les lumières de sa religion. Aussi commet-il l’imprudence d’entamer avec lui une discussion théologique. Le jeune homme va bientôt mettre à bas toutes ses croyances relatives à l’immortalité de l’âme et à la résurrection. Pour finir, le voilà niant jusqu’à l’existence de Dieu. Un grand homme noir surgit et enlève le fils de l’hôte par la cheminée : le narrateur qui a voulu le retenir s’envole avec lui. Il comprend que le Diable vole vers l’Enfer qui se trouve au centre de la Terre. Les trois personnages survolent l’Italie, ils frôlent l’Etna en éruption, le narrateur crie « Jésus Maria » et s’éveille au milieu de bergers qui le mènent à la ville, d’où il embarque pour Toulon. Il n’est pas au bout de ses aventures et, bientôt, il visitera le soleil ; mais ceci est une autre histoire.


La pièce est en vieux français et Benjamin Lazar prononce ce texte avec une sorte d’accent espagnol où on prononce toutes les lettres, y compris les « s » et les « er » qui deviennent « ère ».

Le décor est très simple : une écritoire, où sont cachées des bougies et une poupée qui représente Benjamin Lazar, une échelle qui symbolisera aussi les barreaux d’une prison, une chaise, deux chaises pour les musiciens et des étendoirs pour qu’ils puissent accrocher leurs instruments.



La scène n’est éclairée que par des bougies et, c’est étonnamment efficace, on voit très bien. Quant à la musique, elle accompagne le texte et le joue parfois.

Le jeu du seul interprète est passionnant, il mime beaucoup mais de manière assez délicate.


Ce spectacle est intéressant car il nous permet de découvrir le vrai Cyrano et de voir que c’est une personne fort intelligente, qui croyait que la Terre tournait sur elle-même et qui l’explique plutôt bien.

 
 
 

Commentaires


matthieu.humbert1
01 oct. 2019

Bravo, bien équilibré et bien orienté. On s'y retrouve et j'ai bien envie de voir cette pièce à l'occasion !!

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