Ervart ou les derniers jours de Frédéric Nietzsche, Hervé Blutsch
- Adonide
- 6 mars 2019
- 3 min de lecture
Du 9 janvier 2019 au 10 février 2019 est représentée au théâtre du Rond-Point, salle Renaud-Barrault, la pièce de Hervé Blutsch Ervart ou les derniers jours de Frédéric Nietzsche, mise en scène de Laurent Fréchuret.
C’est l’histoire d’un homme qui est persuadé que sa femme Philomène le trompe avec un certain Antoine de Miragor. Il va alors mettre, au sens propre, la ville à feu et à sang. Sa femme essaie de le rassurer en suivant les conseils d’un psychanalyste citationniste fou. Mais rien n’y fait. À cette intrigue se mêlent des comédiens anglais perdus qui cherchent à jouer The Death of the Dustbin (la mort de la poubelle), un zoosexuel dont la mission est de trouver qui cherche à faire des attentats dans la ville, une comédienne qui cherche un rôle et Frédéric Nietzsche qui jette ses livres dans une poubelle.
Ervart (Vincent Dedienne) avec toute cette histoire, cherche à se faire pardonner par sa femme, qui a quitté son appartement pour aller au deuxième étage. Avant d’aller voir sa femme, il prépare son discours et demande à son ami Alrick (Tommy Luminet) de l’entraîner. Celui-ci met alors une perruque pour imiter Philomène (Pauline Huruguen). Mais Ervart s’énerve contre son ami, qui l’abandonne, il met alors la perruque. Le problème, c’est que dès lors, il a des hallucinations, il voit partout une ombre, symbolisant Antoine de Miragor, avec sa femme et il s’imagine les pires scénarios. C’est le début de la folie. Mais la folie devient de plus en plus intense. À la fin, on entend une musique très stressante et Ervart se retrouve face à des portes. On peut s’imaginer que ces portes symbolisent son cerveau et son imagination. En effet, Ervart ouvre chacune des portes et s’arrête dès qu’il a trouvé la femme qui l’obsède. Mais, à ce moment là, les portes se mettent à tourner. Ervart s’accroche désespérément à la porte derrière laquelle se trouvait sa femme, mais cette-dernière est partie.

Comme on a pu le voir, la musique accompagne l’histoire. Philomène est la seule à jouer du piano, on peut donc dire que le piano la représente, mais elle joue rarement et c’est presque toujours le même morceau. Il y a aussi des bruitages, comme les coups de feu, ou les pas de Frédéric Nietzsche. Il y a également des pétards.
La lumière est également primordiale. L’habitation de Ervart est illuminée par un lustre, mais l’histoire ne se passant pas toujours chez les Ervart, il y a d’autres éclairages. Déjà, quand Ervart met la ville à feu et à sang, une lumière orange nous fait penser à un feu. Mais il y a aussi une lumière blanche psychédélique lorsque le psychanalyste fou (Maxime Dambrin) téléphone. La lumière est également plus sombre lorsque les personnages pique-niquent ensemble. Enfin, une lampe de bureau, typique des lampes d’inspecteur, est présente lors des interrogatoires organisés par monsieur Grate, le zoosexuel (Stéphane Bernard).

Des éléments vidéos sont également utilisés. Avant même que la pièce ne commence, un avertissement expliquant le contexte est affiché sur les rideaux, il y a également des surtitres lorsque les acteurs parlent anglais. On voit aussi un extrait du dessin animé Looney Tunes. Enfin, l’on voit aussi le visage de la femme d’Ervart projeté en grand à un moment lorsque Ervart a une vision.
Il y a aussi un travail sur la plastique. On utilise en effet du faux sang et une hache pour faire croire que le psychanalyste s’est blessé. À la fin de la pièce, quand monsieur Grate a ligoté ses prisonniers, les corps sont faits d’une bâche plastique enroulée de ruban adhésif blanc. Il m’a également semblé que lorsque Ervart apprend à dire chien en anglais, un chien, également fait à partir d’une bâche plastique, était suspendu dans les airs à cour (droite depuis la scène).
Finalement, pendant que certains changent le décor, le rideau est abaissé, il faut donc occuper le spectateur. Cela se fait par des extraits de The Death of the Dustbin mais il y a aussi des moments où les acteurs brisent le quatrième mur pour nous parler. Il y a parfois des avis qui nous résument ce qui vient d’être joué ou alors, on nous parle de théâtre, mais ce n’est pas toujours évident. C’est une pièce très riche, qu’on ne peut pas totalement comprendre en une seule fois. Déjà, il est difficile de cerner le genre et le registre de cette pièce de théâtre, mais la mise en scène apporte également beaucoup d’éléments.
Kommentarer